18.6.06

Holidays in the Sun



Loutro, Crète.

Le blog Rigaut se délocalise en Crète pour quelques semaines. Point de valise vide, quelques livres à lire sur la plage : "Etes-vous fous?" de René Crevel, "Au temps du Boeuf" sur le toit de Maurice Sachs, "New York" de Paul Morand, la biographie de Crevel et de Tzara par François Buot et...les "Ecrits" de Jacques Rigaut, à relire et à annoter. Ni voitures ni cybercafés à Loutro. Farniente total. A plus tard.

17.6.06

Une balle perdue


Daniel Darc par Laurent Askienazy

Marie-Laure Dagoit, l'éditrice de la très underground maison d'éditions "Derrière la salle de bains" (Giorno, Burroughs,Corso, Pennequin, Tarkos, Ossang, Darc, etc.) organisait hier soir une fête au studio Campus. J'y rencontre Daniel Darc, auteur de la chanson "Le feu follet" qui se trouve dans son album Nijinsky (1994). Daniel est un admirateur inconditionnel de Jacques Rigaut. Il a acheté six DVD du film de Louis Malle pour l'offrir à ses amis. C'est la première fois que nous nous rencontrons. Je l'avais contacté sept mois auparavant pour lui proposer un projet autour de J.R., il m'avait immédiatement appelé pour me donner son accord. Nous devons nous revoir prochainement pour en discuter. Ce sera une suprise...

Le moment fort de la soirée fut une merveilleuse "jam session" entre Daniel et le chanteur Christophe sur la chanson "Aussi belle qu'une balle" (Taxi Girl, 1986). Une chanson qui fait également référence à la fin de J.R.

Elle est si belle qu'il est difficile
Aussi belle qu'une balle
De ne pas se pencher pour la regarder
Aussi belle qu'une balle
Et moi je n'attends qu'elle
Oui mais autant vouloir se tuer
Dans son lit couché en espérant une balle perdue

Juste une belle perdue qui marche dans les rues
Son coeur n'attend plus
Rien qu'une balle perdue

Elle est si belle à sa fenêtre penchée
Aussi belle qu'une balle
Il serait délicat de ne pas tomber
Aussi belle qu'une balle
Et moi je n'attends qu'elle
Oui mais autant vouloir se tuer
Dans son lit couché en espérant une balle perdue


Reçu mail de Jean-Pierre Baril qui me donne son interprétation très personnelle de la formule rigaltienne désormais célèbre : " I want my cane eh bien" :

Cher biographos,

« I want my cane eh bien »

Prononcée très mal à la française (ce que font plein de frenchy bilingues pour déconner) la phrase de Rigaut donne :

« Aille ouante maille cané bien »

Or : « cané », comme tu le sais, veut dire :

1. Très fatigué (« Je suis complètement cané. »)
2. Mort. (T'as vu le clebs, là ? ? Ouais, il est cané.)

Et l'on pourrait comprendre...

« Je veux ma mort eh bien »
ou
« Je désire ma mort eh bien »

Hé, hé...

Cette analyse lexico-linguistique, mon cher ami, ne vous sera facturée que 8583 euros, car j'aime beaucoup ce que vous faites.
(En trois mensualités, comme d'habitude.)

JPB

16.6.06

I want my cane (3)



Vous souvenez vous de notre énigme linguistique ? Julie m'écrit de Californie pour me donner son interprétation :

"Bonjour Jean-Luc,

"I want my cane" : hmmmm... difficile à dire ! Oui, il s'agit peut-être de la dope, ou bien ça pourrait vouloir dire : "Je veux qu'on me fouette !" Ou c'est peut-être qu'il voulait dire justement "I want my cane" tout littéralement. Question de flâner à la dandy. Voilà les pìèges de la signification."

Des Etats-Unis encore, ai reçu ce matin par la poste la copie d'une lettre de Tristan Tzara envoyée à la responsable d'une prestigieuse revue littéraire new-yorkaise. Une lettre d'introduction pour J.R. qui s'apprête à partir pour l'Amérique...

14.6.06

Mise au vert



Le manoir de Tot où J.R. "secrétarisait"...

L'arrière du manoir de Tot

Jacques-Emile Blanche (à gauche) et François Mauriac au manoir de Tot


"Cher Monsieur Blanche,

Je vous demande comme une grâce de m'accueillir deux ou trois jours à Offranville, quoique je n'ai pas encore reçu de réponse de vous. Rien ne peut m'être meilleur qu'un changement d'habitudes et d'air, outre tout ce que j'y trouverai. Je tâche de me donner la date de mon départ comme une limite à atteindre et je ne sais pas si j'y réussirai. (...)" (Extrait d'une lettre de Jacques Rigaut à Blanche, sans date, probablement mai 1929)

Pélerinage à Offranville où J.R. sera de 1919 à 1923 le secrétaire particulier de Jacques-Emile Blanche. Madame Mireille Bialek conservatrice du musée Jacques-Emile Blanche m'accueille à la gare. Visite du musée qui abrite toiles, dessins, pastels et une partie de la bibliothèque de Blanche. Un groupe de retraités profite de ma visite pour poser des questions à la conservatrice. Promenade dans le village qui semble inanimé dans la torpeur estivale. La mer est à sept kilomètres mais on ne la sent pas. Mes pas me mènent jusqu'au manoir où J.R. travaillait et rencontrait les invités prestigieux de Blanche, loin des tentations de Paris. Le manoir est aujourd'hui une propriété privée, pas de visite possible. Quelques photos façon paparazzi et je m'engouffre dans un taxi qui me ramène à Dieppe.

8.6.06

Rébus




Découverte aux Archives de Paris. Je vous laisse le plaisir de déchiffrer ce rébus. La réponse dans la bio...

7.6.06

A portée de canon




Au service des archives de l'Armée de Terre, un canon (de bronze) accueille le chercheur. Je demande à revoir les journaux des marches et opérations dans lequels étaient consignés les faits et gestes des régiments durant la guerre de 1914-1918. Il me faudra attendre une quinzaine de jours à cause du manque de places en salle de lecture. J'ai peu d'espoir dans cette nouvelle consultation malgré les infos supplémentaires dont je dispose. Le responsable du service de documentation me reçoit dans son bureau. Il m'explique qu'un régiment est composé de divisions et de sections et qu'il n'existe aucune chronologie détaillée de leurs activités durant la guerre. Les journaux des marches et opérations restent sommaires et incomplets. A moi de me débrouiller dans la multitude des publications (mémoires, témoignages...) pour raconter ce qui s'est passé... Saviez-vous qu'un canon de 75 avait une portée de 12 kilomètres?

1.6.06

Classe 1918



Passé la journée à la bibliothèque du service historique de la Défense à Vincennes. Je tente de reconstituer le parcours militaire de J.R entre le 21 décembre 1916 (date de son engagement volontaire) et le 6 octobre 1919 (date de sa démobilisation). Encore un puzzle, niveau expérimenté. Pas facile de se retrouver dans tous les régiments, sections et sous-sections...Le jargon militaire n'arrange rien. La bibliographie sur le sujet est immense. Partir du début, du 3ème bureau de mobilisation à Paris... Je dois appeler demain le responsable du centre de documentation du département de l'Armée de Terre afin de caler un rendez-vous.

Mondanités hier soir au 18, rue de Verneuil pour les 6O ans du Centre National du Livre. J'y retrouve Franck qui m'avait informé de l'événement. Pas mécontent d'échapper le temps d'une soirée à ma réclusion volontaire. Un peu de name-dropping? Je croise d'abord Juliette Joste (éditrice chez Flammarion) qui me présente à Soizic Molkhou (directrice du service de presse chez Flammarion) qui pendant cinq minutes a cru que je préparais une biographie de Jacques Rigaud (l'ex-Président de RTL). Juliette me présente ensuite à Teresa Cremisi (patronne du groupe Flammarion). Me voyant entouré des autorités flammarionesques, Olivier Rubinstein (mon éditeur) vient à ma rescousse. "Alors Jean-Luc, vous en êtes où?" Non loin du buffet, je rencontre Mark Greene qui travaille sur son deuxième roman à paraître chez Fayard et Steven J. Sampson qui achève sa thèse sur Philippe Roth. Nous partageons tous les trois le même défaut : une sérieuse tendance à la procrastination. Mais est-ce vraiment un défaut? Je retrouve enfin Franck et Raphaël dans le jardin-fumoir où une jeune femme au regard charmeur nous accoste pour nous demander une cigarette. Elle prépare aussi son deuxième roman. Son nom ? Claire Poinsignon, auteure de "Petit précis des lésions ordinaires" chez Albin Michel. Fin du post-report.